Pourquoi intégrer le poids carbone dans vos chiffrages de construction ?

Réduire l’impact environnemental des bâtiments passe par une meilleure prise en compte de leur empreinte carbone dès la phase de conception. Pour cela, les professionnels du BTP doivent intégrer le poids carbone directement dans leurs chiffrages. Cette démarche permet d’anticiper les obligations réglementaires, d’optimiser les choix techniques et de faciliter le suivi de l’Analyse du Cycle de Vie (ACV).
Si l’évaluation des coûts reste une priorité dans l’étude d’un projet, la mesure du poids carbone devient tout aussi essentielle. Mais comment intégrer cette donnée dans un DQE, un CCTP ou un DPGF sans alourdir son processus de travail ?
La place du carbone dans le secteur de la construction
Le secteur du bâtiment est responsable de près de 40 % des émissions de CO₂ dans le monde. En France, la RE2020 impose des exigences strictes en matière de performance énergétique et d’impact carbone. L’objectif est de réduire progressivement l’empreinte carbone des bâtiments neufs en intégrant des indicateurs environnementaux dès la conception.
Jusqu’à récemment, les études carbone étaient souvent réalisées en fin de projet, après l’élaboration des documents de chiffrage. Ce fonctionnement posait plusieurs problèmes :
- Un manque d’anticipation sur les choix des matériaux et des procédés constructifs.
- Une difficulté à comparer rapidement des solutions alternatives en fonction de leur impact carbone.
- Une charge de travail supplémentaire pour extraire et retraiter les données du chiffrage.
Désormais, l’objectif est d’intégrer ces données environnementales dès la phase d’estimation pour une meilleure prise de décision.
Comment estimer le poids carbone d’un projet ?
L’évaluation du poids carbone d’un projet repose sur une méthodologie bien définie. Elle consiste à associer une valeur d’émission de CO₂ à chaque élément du projet en fonction de sa nature et de sa quantité.
Pour cela, plusieurs bases de données existent :
- La base INIES, qui référence les FDES (Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire) des fabricants.
- Les valeurs génériques de la RE2020, utilisées en l’absence de données spécifiques.
- Les logiciels spécialisés en ACV, qui exploitent ces informations pour générer des bilans détaillés comme Vizcab ou ClimaWin par exemple.
L’idée est donc de croiser ces données avec le chiffrage du projet pour obtenir une estimation fiable du poids carbone de chaque lot, ouvrage ou prestation.

Intégrer le poids carbone dans le chiffrage : quels bénéfices ?
L’ajout du poids carbone dans les documents de chiffrage offre plusieurs avantages :
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Une meilleure anticipation des exigences réglementaires
Avec la RE2020, les bâtiments doivent respecter un seuil d’émissions de CO₂ sur l’ensemble de leur cycle de vie. En intégrant cette donnée dès l’étude financière, les maîtres d’ouvrage peuvent ajuster leurs choix techniques sans risque de non-conformité.
Cela évite d’avoir à modifier en urgence certains éléments en fin de projet, ce qui peut engendrer des surcoûts.
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Une comparaison plus fine des solutions techniques
En structurant le poids carbone par prestation, il devient possible de comparer plusieurs variantes d’un même ouvrage sur des critères à la fois économiques et environnementaux.
Par exemple :
- Isolation en laine de roche versus isolation biosourcée : quel impact sur le poids carbone du projet ?
- Béton classique versus béton bas carbone : quel surcoût et quel gain environnemental ?
Cette approche permet d’optimiser les choix dès la phase de conception, sans avoir à refaire une analyse complète plus tard.
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Une centralisation des données carbone
Les études de bilan carbone sont souvent réalisées en parallèle du chiffrage, ce qui peut entraîner des incohérences entre les documents. En intégrant directement ces informations dans le DQE ou le CCTP, on évite les erreurs et on assure une cohérence entre les estimations financières et environnementales.
De plus, centraliser ces informations dans une bibliothèque d’ouvrages permet de les réutiliser sur plusieurs projets et d’uniformiser les méthodologies de calcul.
Comment structurer un chiffrage intégrant le poids carbone ?
L’intégration du poids carbone dans un chiffrage repose sur une structure claire et bien organisée.
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Ajouter une unité carbone dans les documents de chiffrage
Un DQE carbone fonctionne sur le même principe qu’un DQE classique, à la différence qu’il intègre des unités carbone plutôt que des prix unitaires.
Chaque prestation possède :
– Un Poids Carbone Unitaire (PCU) exprimé en kgCO₂e/m², kgCO₂e/m³ ou kgCO₂e/unité.
– Un Poids Carbone Total (PCT), qui est le produit du PCU par la quantité de l’élément concerné.
Ce document permet d’avoir une vue d’ensemble des émissions de chaque lot et d’identifier les postes les plus impactants.
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Associer les ouvrages et prestations à des valeurs carbone fiables
Il est important de lier chaque prestation à un référentiel carbone précis. Cela peut être fait en utilisant les codes INIES ou en exploitant les FDES des fabricants.
Des outils comme DeviSOC permettent d’automatiser ce travail en intégrant directement ces valeurs dans les bibliothèques de chiffrage.
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Faciliter l’export vers des logiciels d’ACV
Un chiffrage intégrant le poids carbone doit pouvoir être exploité dans des logiciels spécialisés. C’est pourquoi il est essentiel que ces données puissent être exportées sous un format compatible avec des outils comme Vizcab, ClimaWin ou Perennoud.
L’export sous format CSV permet d’envoyer directement ces informations pour générer des bilans carbone détaillés sans ressaisie.
Voir un webinar sur l'ACV
Dans ce webinar, nous vous montrerons comment :
- Partie 1 : Pourquoi les économistes de la construction sont légitimes pour réaliser l’ACV des bâtiments ?
- Partie 2 : Comment réaliser une étude en phase amont (Faisabilité / APS) lorsque les quantités de matière ne sont pas encore connues ?
- Partie 3 : Comment réaliser une Analyse de cycle de vie rapidement, une fois la liste des prestations et ouvrages définis dans DeviSOC ?
Vers un chiffrage intégrant pleinement l’ACV
L’intégration du poids carbone dans le chiffrage des projets de construction est une évolution logique face aux enjeux environnementaux. Elle permet de mieux structurer l’estimation des coûts, d’anticiper les contraintes réglementaires et de faciliter l’évaluation de l’empreinte carbone des bâtiments.
Cette approche s’inscrit dans une démarche plus globale d’Analyse du Cycle de Vie (ACV), qui vise à prendre en compte l’impact environnemental d’un bâtiment sur toute sa durée de vie.
Alors que la réglementation se durcit, structurer ses chiffrages en intégrant cette dimension devient une nécessité pour tous les acteurs du BTP. Aujourd’hui DeviSOC permet d’intégrer l’ACV dans vos projets de construction.